Le kakémono vert et jaune de l'éditeur nantais Entre 2 Chaises est clair. "Création et édition responsable de jeux de société". C'est ce qui a attiré notre regard parmi les nombreux stands présents place du Drapeau. Entre 2 chaises, ce sont quatre associés qui ont une démarche de production la plus locale possible. "Dans un souci écologique, nous avons choisi de fabriquer nos jeux en France". Basés à Nantes, les jeux sont produits dans la région lyonnaise. Sur le stand, Xavier Violeau, créateur de jeu pour l'éditeur, confie " que c'est un choix personnel, malgré les difficultés que ça engendre".
Dans leur dernier jeu, Street of Tokyo, un jeu de dessin, l'éditeur a décidé de ne pas mettre de crayon dans la boîte de jeu "On avait deux solutions : soit mettre des crayons pas trop chers pour ne pas faire exploser le prix du jeu, mais ils venaient de Chine, soit de ne pas mettre de crayons et laisser les gens utiliser leurs propres matériels". Actuellement à 22 euros, le prix aurait doublé en faisant le choix de mettre des crayons de bonnes qualités. Xavier Violeau le reconnaît, faire le choix du jeu écoresponsable occasionne de vraies contraintes de production.
Un peu plus loin, sur la place du Drapeau de Parthenay, c'est un autre type d'affichage qui a attiré notre œil. Un panneau avec des photos représentant toutes les étapes de fabrications d'un jeu. Ça sent le fait main. Là aussi, un kakémono met en avant le jeu écoresponsable avec un slogan " Yeast Games, radicalement ludique". "On produit dans un rayon de 50 kilomètres" explique Alexandre Weiss, auteur, éditeur et producteur chez Yeast Games. Sélectionné pour les trophées éco-ludique pour la deuxième année consécutive, l'éditeur landais veut, à son échelle, pouvoir assurer un meilleur futur. "On a deux enfants, même si on ne va pas changer le monde avec notre petite édition, on pourra les regarder dans les yeux et leur dire qu'on n'a pas collaboré" assume l'auteur.
Comme pour l'éditeur nantais Entre 2 Chaises, faire ce choix, c'est prendre du temps, beaucoup de temps, alors qu'ils ne vivent pas de leur passion. "On reçoit les cartes à jouer qu'on va déclipser nous-mêmes, on doit tout mettre dans les boites qu'on aura pliées nous-mêmes, on travaille beaucoup, mais on espère que ça vaut le coup."
La passion anime Alexandre Weiss. "Impossible de faire x5 ou x6 comme d'autres structures, on fait maximum x3 sur le prix d'un jeu. Nos jeux coûtent beaucoup plus cher, mais au moins, on ne cautionne pas les gens payés une misère dans les usines chinoises.". Pour aller plus loin, une exposition est visible pendant tout le FLIP à la Chapelle des Cordeliers (renommée en Chapelle Ludique pour la durée du festival). Deux chiffres tirés de cette exposition : transporter 100 jeux de la Chine vers la France implique plus de 500 kilos de Co2 si le transport se fait en bateau, en train c'est plus de 600 kilos.