La culture traditionnelle : une culture en mouvement, tournée vers les autres


01 août 2025

Le festival de Bouche à Oreille est un bouillonnement de culture. Danse, musique, oralité. Pendant trois jours, le festival permet de mettre en avant la culture traditionnelle. Une culture en perpétuel mouvement, tournée vers l'autre.

"On voulait changer le monde". Quand on prend le temps de discuter avec Jean-Luc Clément, c'est comme tourner les pages d'un livre d'histoire locale. Président pendant une quinzaine d'années de l'UPCP Métive, il fait partie de cette poignée de militants de la première heure, qui a œuvré pour transmettre une culture de proximité, en plein contexte post-68. "À cette époque, on parlait beaucoup de mouvements, de contre-culture. On a voulu valoriser les identités culturelles et la diversité culturelle. On considère aussi que ce n'est pas figé, que c'est un éternel mouvement." En 1969, l'UPCP débarque avec une culture qui "vient de nous, qui n'est pas en surplomb" avec un slogan évocateur : "La mémoire en mouvement".

Nourrie de collectages du passé, la culture traditionnelle ne se contente pas de regarder dans le rétroviseur, elle est tournée vers l'autre pour de meilleurs lendemains. "On tient beaucoup à ne pas avoir ce repli sur soi. C'est une culture en gestation constante. La notion de patrimoine rejoint la culture, j'ai l'habitude de dire que la culture de maintenant, c'est le patrimoine de demain", philosophe Jean-Luc Clément.

Cette culture trad' est soutenue par de la musique, courroie de transmission de ses valeurs de partage et d'ouverture. Et, là aussi, pas question de rester sur ces acquis. "Les jeunes d'aujourd'hui digèrent les musiques d'ici, qu'on a pu leur transmettre, mais digèrent aussi la "sono mondiale". Je suis assez sidéré des multiples directions que prennent ces musiques-là", sourit Jean-Marie Jagueneau, enseignant de musique traditionnelle et militant de l’UPCP. Dès la fin des années 1990, l'UPCP a œuvré pour que les musiques traditionnelles intègrent les écoles de musique, en apportant des formateurs. Depuis, des villes comme Poitiers sont devenues de bons exemples pour comprendre l'évolution de la musique traditionnelle. "Ça bouge énormément à Poitiers parce qu'il y a un pôle supérieur de musiques et de danses. Il y a plein de gens qui viennent d'un peu partout, que ce soit de la musique classique, ancienne, du jazz, des musiques actuelles. Ça créer un terreau, un vivier hyper riche pour la musique traditionnelle de demain". 

LA MUSIQUE TRAD’ SE FÉMINISE

La musique trad’ évolue, voit vers le futur et se féminise. "Il y a encore du travail dans la région bretonne", constate Coline Genet, l’une des artistes du BAO, "surtout pour les instruments comme les bombardes qui sont beaucoup tenus par des hommes". L’artiste joue du violon et se sent "chanceuse puisque, pour cet instrument, c’est plutôt équilibré entre femmes et hommes".

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Coline Genet joue du violon dans plusieurs groupes, dont Femti Fem. ©Yves Nivot

Dans le trio Bresièr, Mathilde est musicienne et chanteuse. Elle reprend les sonorités du Massif central. Pour elle, parmi les férus de musique trad’ "il y a une grande variété de gens. Ça doit dépendre des régions, mais chez nous, il y a des femmes, des hommes, des anciens et des plus jeunes".

Coline et Mathilde ont joué ce jeudi 31 juillet au festival du Bouche à Oreille et les festivités continuent jusqu’à samedi soir. Entre musique, yourtes et stands de parlanjhe, tout est rassemblé le long du Thouet à Parthenay, de la place de la Nation à l’amphithéâtre de la Maison des Cultures de Pays.

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